Les Belles Histoires de l'Uncle Pomme
4° partie
TEXTE : Uncle.Pomme@Worldonline.fr
Des Phéniciens aux Fridolins : il Isola
di San Antioco
De
nouveau jetés sur les routes nous dévalons vers le sud-ouest, vers la mer !
Plus précisément vers l'Isola
di San Antioco, avec l'idée bien arrêtée de profiter des beautés de la
côte. Et je ne parle pas des Sardes, enfin voyons nous sommes sur un site respectable
!
Un
moment d’histoire antique nous habite fugitivement sur l’isthme construit par
les Carthaginois puis poursuivi par les Romains.
L’île fut d’ailleurs stratégique pour eux avant de se reconvertir de nos jours
dans le tourisme grâce à ses belles plages. Autre temps, autres interêts !
On se laisse séduire par Calasetta, le petit village
d’aspect oriental de la pointe nord avant d’échouer au camping de Tonnara.
C'est le seul qui veuille bien de nous hors saison touristique. Représentez-vous
une multitude de bungalows grands ou petits, chichement ou bien équipés avec
en plus des emplacements ombragés à perte de vue... Et tous sont… déserts !
Ambiance ville fantôme !
Bon,
l’important c’est de pouvoir prendre une douche ! Depuis
quelques jours ça manquait un peu dans le paysage, si vous sentez ce que je
sens ! Malheur, une fois sous la poire vous recevez… de la saumure ! Mais quesquisepassetildonk ?
Renseignements pris, le sous-sol est poreux et les nappes phréatiques sont contaminées...
par la mer : le bonheur !
Bon les bungalows on oublie, ça fermente en l’état depuis que les Teutons en
hordes ont tout laissé en plan à la fin de l’été dernier, beurk ! Ah, là
le sol est régulier on va pouvoir s’abandonner aux bras de Morphée avec un peu
de confort. Et ben non v’la t’y pas que les coqs poussent la chansonnette à…
22h00 ! Les coqs ?
Et oui mon brave touriste émerveillé des beautés locales : la grosse structure
grillagée à droite là, c’est une immense volière, charmante attention n’est
ce pas ?
Alors là : Tactique de Grimpe n°2.
« Quand t‘en ch… trop, bourrine un bon coup pour que ça passe !»
Traduction en langage coq : cailloux précis = message bien
clair. Reparlez-moi du “pure dream of climbing”...
La
côte
sableuse n’étant par ailleurs pas remarquable bien qu'à deux pas il y ait la
plage, nous plions donc nos cliques et nos claques le lendemain pour de plus
verts pâturages. Car il y a aussi la surprise de tit’oliv... Quelques temps
avant notre départ une jeune femme lui a fait tourner la tête. A ne point vouloir
se quitter, surtout pour les vacances...
« Mais c’est que tout est déjà prévu pour la Sardaigne
mon grand ! »
Alors,
plus audacieux qu’en falaise, il ne fait ni une ni deux et tente la grosse
prise de risques : « Viens donc nous rejoindre dans notre trip passionnel
on the rocks. Tu verras, mes pôtes y mordent pas, enfin pas tout le temps ! »
Culotté le garçon, surtout nous connaissant !
Aujourd’hui c’est l’arrivée tant attendue de la Madone... Et vous comprendrez
aisément que ce qui convient à un quatuor de durs à cuire, peu sourcilleux
sur les conditions de survie tant que la paroi va ne sied point aussi facilement
à une dame, surtout en début d’idylle.
La Grotta di San Giovanni et les Carabinieri
Donc
direction la Grotta di San Giovanni juste au-dessus
de Domusnovas. Imaginez une grotte naturelle à
ce point profonde qu’elle pourfend de part en part la montagne qui l’abrite.
La route a juste suivi son cheminement pour qu’un tunnel de près d’un kilomètre
de long voit le jour. Elle servit de refuge ou de forteresse dans les temps
plus anciens. Ca incite à monter à l’assaut de son entrée sud avec prudence,
les
chaussons fermement posés sur le toit bien incliné de son petit fortin de béton.
Vous vous surprenez ainsi à assurer tout circonspect dans les envolées
à gauche de l’immense
entrée de la grotte.
Pour
finalement vous éclater, dans tous les sens du terme !
C’est Canneland, 18 voies du 5c au 7b+ tournant en moyenne autour de 6b+/6c et montant jusqu’à 30 mètres de haut (dans Paraphernalia, 6c+ positivement surprenante). Voilà un petit site étonnant dont les colonnes nous ont beaucoup plu, malgré le bord de route. Le trafic de véhicules est en effet assez faible.
Nous fûmes donc surpris d’observer les carabinieri prendre position à la sortie de la grotte, avec les sourires avenants dont je vous ai déjà parlé. Un spécimen carabiné sort se ficher en vibrant dans l’asphalte. Il a l'air d'un matador prêt à plonger impitoyablement ses banderilles dans tout bovin assez fou pour flâner à portée de son ridicule bâton court. Les autres se renfoncent dans leur voiture, avec un air faussement décontracté.
Silence on tourne !
Attention on ne la ramène pas trop quand même avec eux. A tel
point que l’un des spectateurs de nos exploits sportifs nous presse de cacher
le laguiole qui achève notre saucisson casse-croûte. Mais il est déjà mort ce
cochon sarde !
La
situation dure un moment faussement calme. Les pères fouettards laissent passer
toutes les voitures qui sortent au compte goutte du tunnel... Autour les gens
font semblant de rien, nous y compris. Tout le monde se demande ce qu’il se
passe... Tout à coup une voiture de jeunes émerge de l’obscurité du tunnel,
juste avant qu’une liaison radio se termine : ce sont les pigeons attendus
! Dans une ambiance tendue la voiture est arrêtée, les spectateurs semblent
parler de drogue en s’écartant lentement...
Comment cela va-t-il se terminer ? J'en ai vu un qui retenait son souffle !
Roulements de tambours....
Et voilà la scène finale : les jeunes gens repartent comme leurs
gendarmettes et on se demande si on n'a pas rêvé ! Quel show pour si peu ! Ah
Cinnecitta quand tu nous tiens !
Mais
trêve de divertissements, revenons aux choses sérieuses : le car de la
belle arrive à Cagliari... Après avoir pas mal
tourné, questionné et évité par chance un radar à l'air
méchant nous débouchons enfin sur la gare de bus d’Elmas,
en retard bien évidemment ! Avouons aussi que les plaisirs du rocher nous ont
un peu retenus, par les mains, par les pieds, par tout quoi comme d'hab !
Bref, pas fier, tit’oliv se précipite pour fêter sa dulcinée qui le reçoit comme
il se doit.
C’est-à-dire en le cassant en deux très proprement. Du travail d'artiste vraiment et je sais de quoi je parle, si, si demandez-lui vous verrez ! Elle vient de passer la journée à traverser la Sardaigne du nord au sud, plus de 250 kilomètres en s’arrêtant dans tous les petits bleds un par un. Et cerise sur le gateau les mama qui l'entouraient s'étonnaient qu’elle ne prenne pas la liaison directe bien plus rapide... Comme de juste, vous l'avez deviné, elle s’était reposée sur son chevalier servant pour la logistique...
Pour un premier contact, ça démarre très fort ! Non, non on n'a pas demandé le turbo, pas tout de suite merci !
Bonjour
l’ambiance au retour ! C’est dans ces situations que
vous regrettez de ne pas savoir siffloter innocemment correctement. Enfin ça
se tasse par la force des choses, après tout il n'y a qu'un fautif, hein
! Après le pow wow sur le parking les esprits du roc nous conseillent le nord,
par la grotte de San Giovanni.
Quelle étonnante structure, basse de plafond par endroits et fantasmagorique
d’ambiance ! On a l’impression de se glisser dans les sombres replis des jupes
de la terre et d’y surprendre son intimidante intimité... Moments magiques interrompus
par le retour au soleil.
La Belle Piste de Punta Piloca
La
route disparaît au profit d’une piste en terre très inégale. Elle est pleine
de creux défonceurs et de cailloux agressifs.
Bien, on y est presque, pense-t-on benoîtement.
Misère, la piste nous secoue durement les colonnes vertébrales tout en cherchant
à perforer nos pots d’échappement toutes griffes de pierres dehors ! Et ça dure,
et ça dure, ça dure, pendant... plus d’une heure !
« Et m... encore touché ! Ah ça a intérêt à être bien Punta Piloca ! »
Perdus
en pleine nature, à part la piste et les cadavres de mines par-ci par-là, on
se sent bien seuls au monde dans nos pots de yaourts nature surdimmensionnés.
A tel point que par moment on se demande si le Hollandais Volant nous aurait
pas enrôlés en secret, c'est-à-dire sans qu'on le sache, pour naviguer
sans fin autour de ces petites
montagnes...
C'est que l'incertitude nous ronge au fil des centaines de mètres puis
des kilomètres qui finissent par faire... 10 quand on retrouve finalement
la civilisation de façon surprenante. Des emplacements ont été aménagés avec
des tables et des rondins (bonne surprise) et... pleins d’Allemands (mauvaise
surprise) bitte schôn !
On trouve quand même à se caser tant bien que mal face à notre falaise tant
désirée et à ses monts verdoyants, pour s'endormir paisiblement... Bah,
la pleine nature y'a que ça de vrai, bou diou la marie !
Au moins avec cette race de bovins y'a pas de bouses...
Le
petit matin frais nous retrouve gambadant gaiement à l’assaut du site sur un
court et commode petit chemin. Sur la droite la paroi concave s’incurve doucement
et progressivement pour se redresser en superbe dalle inclinée. Au
centre ça déverse
sereinement mais sûrement par petits touches peu perceptibles à la vue
qui nous amènent gentiment au 8a. Enfin à gauche ça part en deux/trois
longueurs plus faciles et en dalle, avec jusqu’à 100 m de voie.
Il
fait beau et la promise est belle, que demande le peuple ?
Du pain et des jeux, j’entends ?
D’accord, les petits gars réunifiés font la plèbe et nous les
gladiateurs :
«Ave Caesar, moriturit te salutant !»
Nous nous battons contre les colonnettes à coup de d’enroulés de jambes et de coincements de talons. Notre ardeur se déploie dans l’arène naturelle de Punta Piloca tandis que le traître soleil envoie la sueur rendre nos yeux aveugles et nos mains glissantes. Chaque combat individuel atteint son moment paroxysmique de doute, d’incertitudes et de peur :
« elle
est trop forte pour moi cette voie, elle va avoir ma peau ! ».
Les engagements se concluent pourtant et... les pouces se tournent
vers le sol pour ordonner la mise à mort des… vaincues !
Ah... la bière ça rend impitoyable ! Je
vous rassure tout de suite, ce ne fut pas le cas pour les 65 voies, nous sûmes
rester miséricordieux et civilisés malgré notre sauvagerie innée et l'enthousiasme
contagieux de notre public ! La pernicieuse influence féminine diront certaines
mauvaises langues...
Le
pain fut également au rendez-vous, après, tranquillement vautrés
dans l’ombre des bosquets tandis que la paroi passe gentiment à l’ombre
pour mieux nous inciter à reprendre l’affrontement.
Panorama
sauvage et grimpe délectable, nous te remercions Caesar
Piloca !
Et ensuite que va-t-il se passer ?
Les
Pieds-Chaussés-De-Chaussons échapperont-ils à leurs frères d'outre-rhin
? Et pas d'outre de vin, inculte, t'as jamais été à une
fête de la bière ?
Vont-ils réussir à garder leur bel esprit de groupe tout intégrant
l’apport remarquable et remarqué de cette touche féminine ?
Et qu’en est-il de l’étape du rallye de Sardaigne ? Et de la côte rose ?
Question annexe : à quoi ça ressemble un triporteur Sarde,
dis ?
Vous saurez tout cela et plus encore dans leurs prochaines aventures, si vous le voulez bien !
Pouce en l’air ou pouce en bas Caesar Webmaster jugera...
PS : cliquez sur les mots en bleu si vous ne l'avez déjà fait !
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