Initiative Terrain d'Aventure

Pour lutter activement contre le spitage des voies historiques de la région de Grenoble, un collectif se crée et fait appel à votre expérience et à vos connaissances. L'objectif : recenser les itinéraires et les regrouper dans un topoguide afin de les préserver.

Le débat avance mais n'a pas de fin : Où commence le sport et où s'achève
l'aventure ? Où débute la haute montagne et où se termine la moyenne
montagne ? Et là que fait-on : Une grande couenne ou une voie aseptisée ? De
l'alpinisme au rabais ou de l'escalade engagée ? Du libre équipé ou de
l'artif déguisé ? Et d'où vient l'effet amnésique du spit ? Et Tronc Feuillu
dans tout çà ? Toutes ces questions n'ont pas de réponse absolue et viennent
diviser deux populations qui partagent le même espace en ayant beaucoup de
mal à se comprendre : les grimpeurs qui veulent pratiquer leur sport dans un
joli cadre contre les alpinistes qui cherchent à se confronter aux éléments
naturels !

Jusqu'à peu de temps, pas de panique : il y avait de la place pour tout le
monde, du moment que les goujons des varappeurs se tenaient à distance des
fissures dégoulinantes affectionnées par les montagnards. Mais il semblerait
que le réchauffement global ait provoqué un drôle de printemps : on voit
aujourd'hui des plaquettes fleurir sur nombre de petits sommets de notre
région, dont les ascensions sont parfois modestes mais riches d'histoire.
S'agit il de nouveaux itinéraires exploitant la configuration particulière
des lieux pour en tirer de nouvelles lignes ? Pas du tout, il s'agit
d'itinéraires généralement classiques, d'un intérêt technique discutable,
puisant leur charme davantage de leur mystère que de leur difficulté. Et les
motivations des rééquipeurs restent obscures, d'autant que ces derniers
préfèrent garder l'anonymat...

Or ces aménagements viennent baliser et segmenter l'espace rocheux, le
rendant ainsi impropre à l'activité de découverte qui fait le plaisir du
montagnard. Alarmés devant l'urgence de la situation, nous sommes sept
défenseurs d'une pratique autonome de l'escalade à nous être réunis à
Grenoble vendredi dernier, avant que l'invasion ne soit irréversible :
Alexis, Bubu, Serge, Gaël, Marie, Jérôme et moi-même. Et de nombreux
sympathisants se sont associés à notre démarche en exprimant leur soutien.
Loin de nos intentions de faire le procès de l'équipement des terrains
dédiés à l'escalade sportive ! Notre ambition n'était que de donner un
nouvel élan à une escalade en terrain d'aventure, dont les règles découlent
de la pratique de l'escalade en terrain vierge de haute montagne. Et non pas
pratiquer l'alpinisme de nos parents avec coins en bois et chaussures en
cuir, mais utiliser à bon escient les techniques modernes de protection à
l'instar de nos voisins anglo-saxons.

Premièrement nous avons appris que certaines zones restent dépourvues de
rééquipements. Il s'agit par exemple d'Archiane et de certaines voies du
Vercors nord. Leur sauvegarde serait dûe à la vigilance de certains ouvreurs
et d'amoureux de ces sites, n'ayant pas hésité à détruire illico presto les
soudaines éclosions de fleurs métalliques...
Un constat fut ensuite établi : à la question « connaissons nous dans la
région de Grenoble une voie d'escalade de moyenne montagne protégeable
entièrement sur coinceurs », la réponse fut négative. Hormis des itinéraires
faciles relativement nombreux, la totalité des escalades connues de nous
tous comportent des sections protégées par des pitons. L'explication réside
dans la nature du rocher : le calcaire est raide, et ses fissures sont plus
propices à la culture du gravier et du pissenlit qu'à la Dülfer. Mais aussi
dans la méconnaissance des terrains : depuis l'invention des nouveaux moyens
de protections (coinceurs mécaniques notamment), beaucoup d'itinéraires
anciens n'ont pas été revisités et tombent dans l'oubli.

Notre première action pour la promotion de l'escalade autonome sera de
procéder à un recensement des voies historiques de la région non rééquipées
et dignes d'intérêt pour une escalade majoritairement libre. Nous aurons
besoin pour cela de toutes sources bibliographiques et surtout de
l'expérience de nos amis grimpeurs. Ensuite nous devrons revisiter les
itinéraires les plus favorables à la pose de protections naturelles en vue
de les réhabiliter. A priori nous ne nous interdirons pas la purge de
rochers instables ni la préparation de relais lorsque cela est nécessaire
pour la sécurité des répétiteurs. Enfin, nous publierons une sélection
d'itinéraires de toutes difficultés sous forme de topos détaillés analogues
à ceux des voies modernes. Les itinéraires en question n'aurons pas d'autre
ambition que de familiariser les grimpeurs de notre région avec les
techniques de l'escalade autonome. Nous sommes convaincus que c'est de cette
manière que nous pouvons freiner l'invasion du « spitage » des voies
traditionnelles. Et nous enjoignons tous les grimpeurs motivés à se joindre
à nous : nous avons besoin d'aide pour recueillir les informations, repérer
les sites, répéter les voies ou en découvrir d'autres, nettoyer le terrain
et enfin réaliser les topos ! Plus nous serons nombreux, plus vite nous
avancerons dans ce projet !

Enfin nous encourageons nos amis des autres régions de montagne à mener de
pareilles initiatives ...

Alexis pour le collectif Initiative Terrain d'Aventure
pour nous contacter : Alexis Seguin | Alexis Demongeot

Compte rendu de la 1ère réunion

 

 

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