Sam Bié :

"j'aime trop la liberté pour faire un autre métier"

J'avais pris contact avec Sam Bié par mail parce que c'est mission impossible par téléphone (en falaise, on ne peut pas répondre quand ça sonne dans le sac en bas et à l'étranger, le portable ne passe pas). C'est donc à son domicile montpelliérain que nous avions pris rendez-vous. Un appartement où s'empilent des objets ramenés de ses différents voyages, des photos aux murs et des heures de musique compactées en mini disc. Et c'est en musique que j'ai pu poser à Sam bié trois questions.

On connaît ton parcours (voir sur son site www.chez.com/sambie) mais ton inspiration, ta technique, "la touche Sam Bié", ça vient comment ?

"j'ai vendu ma première photo un mois et demi après ma première prise de vue."

"Avant de me lancer, j'ai regardé, détaillé, décortiqué les magazines de montagne et de grimpe, je les ai retournés dans tous les sens en me demandant comment le photographe avait bien pu faire pour avoir cet angle, cette lumière… Ensuite Arnaud Petit m'a conseillé sur du matos et, à force de films, de sueur et d'éclate avec mes potes, j'ai vendu ma première photo à Rock n' Wall sous la rubrique de photo "délire du mois". Cela faisait à peine un mois et demi que je faisais de la photo. J'y croyais à peine moi-même et tu peux me croire… ça motive quand des gens comme Edlinger te donnent ta chance. "

Une séance photo ça s'organise comment ?

"Une séance photo, c'est comparable au cinéma : il y a un réalisateur et des acteurs qu'il faut diriger"

"Une séance photo, ça commence par 2000 heures au téléphone. Il faut faire coïncider les plannings de tout le monde, espérer que la météo sera avec nous et prendre en compte les dates de parution. Tu vois, ça peut être très compliqué et contraignant, mais lorsque tous les ingrédients sont réunis, les images sont à la hauteur de l'organisation qu'il aura fallu pour les réaliser. A contrario, il m'arrive de partir avec quelques amis sur un coup de tête et, la beauté du site se mêlant à la bonne ambiance, la décontraction amène à réaliser des images souvent très belles. Techniquement, il faut poser des mètres et des mètres de "stat" pour essayer d'avoir les meilleurs angles possibles afin que les images soient toujours différentes et soient retranscrites comme j'ai envie de les montrer. La dernière chose, c'est de diriger les grimpeurs un peu comme au cinéma : le réalisateur dirige ses acteurs pour qu'ils s'intègrent à la composition. Pour moi, l'acteur principal, c'est le rocher… "

Est-ce que le public réalise la difficulté du travail des photographes ?

"Sans le travail des photographes, les magazines ne seraient pas les mêmes"

On est habitués à voir de belles photos, et on se pose rarement la question de savoir comment elles ont été réalisées. Quand il y a du gaz autour "du grimpeur, il y en a autant, voire plus, autour du photographe qui est souvent dans des postures inconfortables, il doit gérer son matos, la lumière, les grimpeurs. De belles photos, ça ne s'improvise pas … enfin pas souvent. Donc, pour répondre à ta question :non, les lecteurs ne réalisent pas que notre travail n'est pas facile et que sans les photographes, les magazines ne seraient pas les mêmes, et parfois on aimerait un peu plus de reconnaissance (rire)"

Et puis il sort un Rock n' Wall et me commente les photos, me raconte que derrière chaque image il y a une histoire, une anecdote, un coup foireux ou un coup de bol et que pour rien au monde il ne changerait de métier, qu'il aime trop sa liberté pour vivre une autre vie.

Propos recueillis par Bruno le 31 octobre 2000

 

 

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